26 novembre 2025

Conduite à tenir devant un arrêt cardiaque à l’hôpital

Devant un arrêt cardiaque objectivé par un patient inconscient, ne respirant plus ou présentant seulement des gasps, avec une absence de pouls carotidien ou fémoral, le médecin engage immédiatement des mesures pratiques :

  • Demander de l’aide et le chariot d’urgence.
  • Airways : basculer la tête en arrière, s’assurer que les voies aériennes supérieures sont dégagées. Poser une canule de Guedel pour une ventilation au masque ou procéder à une intubation endotrachéale.
  • Circulation : pratiquer un massage cardiaque externe (talon de la main bien posé au centre du thorax), à une fréquence de 100 à 120 bpm, au rythme de 30/2. Réévaluer toutes les 2 minutes, en évitant des interruptions de plus de 10 secondes.
    30 compressions pour 2 insufflations.
  • Défibrillation : si le rythme est choquable (intérêt d’un scope), délivrer le choc et poursuivre la réanimation encore 2 minutes après le choc avant de vérifier la reprise d’une activité circulatoire efficace.
  • Poser une voie veineuse et administrer 1 mg d’adrénaline, à renouveler toutes les 3 à 5 minutes (ou environ 4 minutes selon l’organisation des cycles).

En cas de bradycardie extrême, utiliser l’atropine 1 mg toutes les 3 à 5 minutes ou l’isoprénaline (5 ampoules dans 250 mL de SGI) pour atteindre une fréquence cardiaque d’environ 50 bpm.
L’amiodarone est ajoutée par voie IV en cas de TV ou de FV réfractaires aux chocs électriques externes, juste avant le 3e ou le 4e choc. La dose initiale est de 300 mg, diluée dans 30 mL de SSI et administrée rapidement. On peut ajouter 150 mg si besoin.
Le sulfate de magnésium est administré à la dose de 2 g IV en cas de torsades de pointes ou de suspicion d’hypomagnésémie.

Pronostic après récupération
On distingue 3 stades d’évolution après la récupération :

  • Les 12 premières heures : acidose et augmentation des enzymes cardiaques.
  • De la 12e heure au 3e jour : risque de défaillance multiviscérale.
  • Après le 3e jour : apparition d’un sepsis.

Action sur le cœur
Surveiller la fonction cardiaque par monitoring, échocardiographie et coronarographie à la recherche d’un SCA ou d’une EP, à traiter le cas échéant.
Prescrire la dobutamine et envisager l’ECMO si nécessaire.

Protection neurologique
Évaluation régulière du score de Glasgow, EEG et potentiels évoqués somesthésiques.
Maintenir une oxygénation adéquate et une sédation de 24 à 48 h pour protéger les neurones.
Lutter contre l’hyperglycémie pour limiter la survenue d’un œdème cérébral.
Éviter l’hyperthermie en maintenant une température contrôlée (environ 34 °C) durant les premières 24 h.

Étiologies d’arrêt cardiorespiratoire
À l’ECG, on observe soit une FV, une TV ou une asystolie.
Concernant la cause, rechercher les 5H (hypoxie, hypovolémie, hypo/hyperkaliémie, hypothermie, H+ = acidose) et les 5T (tamponnade, thrombose pulmonaire, thrombose coronarienne, tension pulmonaire = pneumothorax sous tension, toxiques = intoxications).
Penser également aux troubles du rythme ventriculaire non ischémiques et à la décompensation de cardiopathies congénitales chez les moins de 30 ans.

Noter pour le dossier les durées de « No flow » (temps sans circulation = temps écoulé entre la survenue de l’ACR et le début du massage cardiaque) et de « Low flow » (durée du MCE avant reprise éventuelle d’une activité cardiaque spontanée = temps de MCE par témoins/secouristes + temps de MCE par l’équipe médicale).

Fiche du Dr Euclide OKOLOU

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